Allaitement et alimentation

Allaitement et sommeil : comment trouver le bon équilibre ?

Mieux gérer l’allaitement la nuit pour limiter la fatigue


Les nuits hachées, les tétées à répétition, l’impression de ne jamais vraiment dormir… Si vous allaitez, vous connaissez sans doute cette fatigue qui s’installe et cette question qui tourne en boucle : Vais-je retrouver des nuits paisibles un jour ? Rassurez-vous, elle est dans la tête de tous les parents d’un bébé, qu’il soit allaité ou non. Cet article vous aidera à mieux comprendre l’équilibre entre allaitement et sommeil, pour des nuits (un peu) plus sereines.

Allaitement et sommeil : un équilibre à trouver

L’allaitement maternel s’accompagne souvent d’un manque de sommeil éprouvant pour les jeunes parents. Trouver un équilibre entre allaitement et sommeil est essentiel pour éviter que l’épuisement ne s'installe dans la durée.


La fatigue maternelle : un défi à relever

Le corps, déjà éprouvé par l’accouchement, doit ensuite s’adapter aux demandes fréquentes de tétées. Le manque de sommeil et la fatigue intense deviennent alors une réalité pour la mère. D’ailleurs, pour 92,4 % des mamans, la fatigue est la principale source de difficultés lors de l’allaitement1

Les crevasses d’allaitement et autres douleurs liées à l'allaitement accentuent parfois cette difficulté, rendant chaque tétée encore plus fatigante. Heureusement, des solutions existent pour prévenir et soulager ces douleurs, comme l’application de lait maternel sur les mamelons, l’utilisation de lanoline ou encore les bouts de seins pour favoriser la cicatrisation. 

Trouver la bonne position d’allaitement la nuit peut aussi aider à éviter les douleurs aux seins et vous permettre, ainsi qu’à bébé, de trouver le sommeil facilement tout en allaitant. La position allongée est idéale pour les tétées nocturnes.


Comprendre le cycle de sommeil d’une maman allaitante

Le sommeil d’une maman allaitante diffère de celui d’une maman qui n’allaite pas. Les hormones de l’allaitement, notamment la prolactine, favorisent un endormissement plus rapide, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, étant donné que les réveils nocturnes de bébé pour téter peuvent être plus fréquents qu’un bébé non allaité. Ces interruptions, bien que fatigantes, sont généralement plus courtes et permettent un rendormissement plus rapide qu’avec le biberon.


Le sommeil de bébé et l’allaitement à la demande

L’allaitement à la demande et le sommeil de bébé sont intimement liés. Si les réveils nocturnes sont fréquents durant les premiers mois, ils répondent à des besoins physiologiques et participent au bon développement du nourrisson. Plutôt que d’imposer un rythme artificiel, il est plus bénéfique d’accompagner bébé en lui offrant un cadre rassurant et apaisant.

À la naissance, bébé ne distingue pas encore le jour de la nuit. Son rythme circadien (horloge biologique qui régule l’alternance veille/sommeil) se met en place progressivement au contact de son environnement. Son sommeil est constitué de cycles courts, alternant entre sommeil agité et sommeil calme. Durant les premiers mois, il est naturel que le bébé se réveille fréquemment la nuit, notamment pour téter, et cela a du bon : 

L’allaitement à la demande accompagne cette phase d’adaptation. Le lait maternel contient de la mélatonine, l’hormone du sommeil, qui aide bébé à réguler son cycle jour/nuit. Son taux étant plus élevé la nuit, il favorise l’endormissement et l’installation progressive d’un rythme de sommeil plus stable.

Le lait maternel contient aussi du tryptophane, un acide aminé précurseur de la sérotonine, qui aide à la détente.

L’allaitement nocturne permet aussi de maintenir une lactation suffisante. En effet, la prolactine, hormone qui stimule la production de lait, atteint son pic durant la nuit. 

Contrairement aux idées reçues, les bébés allaités s’endorment souvent facilement après une tétée. Aussi, au-delà de la nutrition, un nourrisson qui a la possibilité de téter dès qu’il en ressent le besoin est plus apaisé, le sein étant une source de réconfort et de régulation émotionnelle.



Prendre soin de soi pour mieux allaiter

Au-delà du sommeil, il est essentiel de veiller à son propre bien-être. 
Une alimentation variée et riche en nutriments essentiels aide à maintenir un bon niveau d’énergie. Cependant, certains aliments peuvent avoir un impact sur la digestion ou le sommeil de bébé. Il peut être utile de connaître les aliments à éviter pendant l’allaitement pour limiter les inconforts digestifs et favoriser des nuits plus sereines.
L’hydratation ou les tisanes d’allaitement jouent aussi son rôle dans le bien-être de la maman, car l’allaitement augmente la sensation de soif. Gardez toujours un verre ou une gourde d’eau à portée de main.
Lorsque bébé dort, prenez le temps, vous aussi, de vous reposer. Et si la fatigue devient trop pesante, vous pouvez exprimer le lait maternel et le conserver pour permettre au partenaire de prendre le relais sur certaines tétées nocturnes. Dans ce cas, le tire-lait sera votre meilleur allié pour concilier allaitement et repos, tout en maintenant une lactation suffisante.

Le cododo : une solution pour mieux dormir ?


Le cododo consiste à faire dormir bébé dans la même chambre que ses parents. Il est souvent recommandé pour faciliter l’allaitement nocturne. Cette proximité permet de répondre plus rapidement aux besoins du nourrisson sans avoir à se lever plusieurs fois par nuit.
Les experts, dont l’OMS, recommandent un cododo sécurisé, où bébé dort dans son propre espace, comme un berceau accolé au lit des parents. 
Le cododo peut également prévenir certaines difficultés d’allaitement, notamment les engorgements mammaires. Lorsque bébé est proche, il peut téter plus souvent et efficacement, ce qui limite la stagnation du lait.
Toutefois, chaque famille doit adapter son mode de sommeil en fonction de ses besoins. 
Certaines mamans se sentent plus reposées en mettant bébé dans sa propre chambre après quelques mois, tandis que d’autres préfèrent prolonger le cododo pour un maximum de confort.



Impliquer le partenaire dans la routine nocturne

Si la mère allaite, elle prend naturellement en charge la plupart des réveils nocturnes. Pourtant, le co-parent a un rôle à jouer, même en cas d’allaitement exclusif. En partageant certaines tâches et en apportant un soutien émotionnel, il allège la charge de la mère et préserve l’équilibre du couple.


Comment le co-parent peut aider, même si la mère allaite exclusivement ?

Même si la mère allaite, elle n’a pas à tout gérer seule. Les soins du bébé et le soutien moral se partagent. Le co-parent peut intervenir de multiples façons pour permettre à la maman de mieux récupérer : 
Changer les couches : les nouveau-nés ont souvent besoin de téter après avoir fait leurs besoins. Le partenaire peut alors prendre en charge les changes nocturnes. 
Aider à l’endormissement : certains bébés s’endorment directement au sein, d’autres ont besoin d’être bercés après la tétée. Le co-parent peut prendre le relais pour éviter que la mère ne reste éveillée trop longtemps. Il peut le porter, le sécuriser, le bercer. Et si l'endormissement est difficile, il peut également pratiquer le peau à peau ou le portage grâce à une écharpe de portage ou un porte-bébé. 
Gérer le quotidien : anticiper des petits détails comme remplir une bouteille d’eau près du lit, préparer une collation pour les tétées nocturnes ou encore s’occuper du linge, du ménage, des repas ou des courses permettent à la maman de se concentrer pleinement sur l’allaitement et son sommeil.
Il est aussi essentiel d’être à l’écoute des besoins de la maman. Parfois, un simple mot d’encouragement ou un geste tendre peut faire la différence, surtout en cas de crevasses d’allaitement ou de montée de lait difficile. 
Conseil d’Emma Coutadeur, sage-femme hospitalière : il est important d’être présent et à l’écoute, sans chercher à "résoudre" mais à soutenir, à la valoriser dans son rôle et lui rappeler ce qu’elle fait de bien. En tant que co-parent, vous êtes le filtre face aux injonctions extérieures ou aux visiteurs envahissants. Il vous faut accepter les hauts et les bas, les doutes et la fatigue. Pour les mamans : soyez indulgente sur le fait que le partenaire n'a pas vécu la grossesse et parfois se retrouve aussi face à un rôle où il a peu de préparation mentale et ou parfois il se sent invisible.


Préserver l’équilibre du couple grâce au partage des responsabilités

L’arrivée d’un enfant bouleverse le quotidien. Si la charge repose sur un seul parent, des tensions peuvent apparaître. En impliquant le co-parent dans la routine nocturne (et diurne), la mère se sent soutenue, et l’autre parent investit dans la vie familiale. 
Il ne s’agit pas seulement d’organisation, mais aussi de reconnaissance mutuelle. Former une équipe solide permet de mieux traverser les premières semaines après la naissance. Une bonne communication est essentielle : exprimer ses besoins et ajuster la répartition des tâches aide à préserver la complicité et à aborder cette période intense plus sereinement. 
Conseil d’Emma Coutadeur, sage-femme hospitalière : se créer des bulles de couple : un repas sans écran, une balade, un moment câlin, un projet à deux. Ne pas attendre "le bon moment" pour se reconnecter : le couple se construit au fil des petites choses.

Sevrage nocturne : quand et comment réduire les tétées de nuit ?

Les tétées nocturnes font partie intégrante de l’allaitement à la demande, mais il arrive un moment où certains parents souhaitent retrouver des nuits plus paisibles. Que ce soit parce que bébé montre des signes d’autonomie ou par besoin de sommeil, le sevrage nocturne doit se faire en douceur, sans brusquer l’enfant.


Bébé est-il prêt à moins téter la nuit ?

Chaque bébé évolue à son rythme, mais certains signes indiquent qu’il est prêt à espacer les tétées nocturnes. 

Il peut ne téter que quelques instants avant de se rendormir, montrant un besoin de réassurance plus que de nutrition. Certains bébés espacent naturellement leurs réveils ou se rendorment parfois sans téter. Si son alimentation en journée est suffisante, il aura moins besoin de compenser la nuit. Un intérêt croissant pour d’autres formes de réconfort, comme un câlin ou la présence d’un parent, peut aussi montrer qu’il est prêt à changer ses habitudes.

Ces signes ne signifient pas forcément qu’il est prêt à faire ses nuits d’un seul coup, mais qu’un accompagnement progressif peut l’aider à adopter un nouveau rythme sans stress.

Conseil d’Emma Coutadeur, sage-femme hospitalière : proposer plus de tétées en fin de journée. Cela aidera votre bébé et se sentir rassurer avant la nuit et à être davantage rassasié.

Pour cela, réduisez progressivement la durée des tétées, en les écourtant de quelques minutes chaque nuit. Il s’agit de supprimer une tétée par une tétée en espaçant les suppressions de quelques jours.

Espacez les tétées en proposant d’autres moyens de réconfort, comme un bercement ou un câlin, peut aussi aider bébé à accepter un nouveau rythme. S’il s’endort systématiquement au sein, introduisez d’autres rituels d’apaisement comme une musique douce pour l’encourager à dissocier allaitement et sommeil.

L’implication du partenaire peut être précieuse. Lorsque c’est possible, laisser l’autre parent gérer certains réveils montre à bébé qu’il peut se rendormir sans téter.


Alternatives pour rassurer bébé sans l’allaiter

Le sevrage de l’allaitement la nuit ne signifie pas qu’il faut laisser bébé pleurer. Il est important de lui offrir un réconfort adapté pour qu’il se sente en sécurité. Le peau-à-peau ou un simple bercement peuvent suffire à l’apaiser. 

À partir de quelques mois, certains bébés acceptent un objet transitionnel pour la phase d’endormissement (attention à ne pas le mettre dans le lit pour éviter tous risques), comme un tissu imprégné de l’odeur de maman. Pensez aussi à une routine nocturne stable avec une berceuse ou une histoire pour l’aider à comprendre que la nuit est un moment de repos. Les enfants aiment les routines, cela leur apporte un cadre sécurisant et rassurant.

Allaiter et bien dormir relèvent parfois du grand écart, mais chaque maman finit par trouver son propre équilibre. Rappelez-vous que les nuits hachées sont temporaires. Avec du soutien et un peu de patience, les réveils nocturnes laisseront place à des nuits plus paisibles pour maman et pour bébé.



Article rédigé en collaboration avec Emma Coutadeur, sage-femme hospitalière.


1 INSERM - Enquête nationale périnatale 2021