Allaitement et alimentation

La lactation, comment ça marche ?

Comprendre la lactation pour vivre un allaitement serein


Vais-je pouvoir allaiter ? Aurai-je assez de lait ? Comment préparer mes seins ? Et si je n’ai pas assez de lait ? Autant de questions que toutes les mères qui souhaitent allaiter se posent avant l’arrivée de bébé. Découvrir comment fonctionne la lactation, c’est se donner les clés pour aborder l’allaitement avec confiance et sérénité. Explorons ensemble ce mécanisme naturel qui permet d’offrir à bébé le meilleur des départs dans la vie.

Comprendre la lactation pour mieux débuter l’allaitement

La lactation est un mécanisme naturel qui ne nécessite pas de préparation en lui-même. Le corps est si bien fait qu’il se prépare tout au long de la grossesse, puis comprend les signaux qui lui indiquent que c’est le bon moment pour commencer à produire du lait.

Les bénéfices de l’allaitement pour les bébés

Il est une source d’énergie, de nutriments et d’anticorps qui couvre tous les besoins de bébé pendant les 6 premiers mois.
Le lait maternel est un probiotique naturel beaucoup plus digeste pour les bébés.
Il contribue à la prévention des infections du jeune enfant comme les otites, la diarrhée, les infections ORL ou respiratoires, etc. 
Il est associé à un bénéfice sur le plan cognitif et aide le cerveau et les sens du bébé à se développer. 
L’allaitement permet une réduction du risque allergique chez les nourrissons à risque (père, mère, frère ou sœur allergique) lorsqu’il est prolongé idéalement six mois. 
Il participe à la prévention de l’obésité pendant l’enfance et l’adolescence.


Les bénéfices de l’allaitement pour la maman

Il stimule la libération d’ocytocine, cette hormone du bien-être qui aide votre utérus à retrouver plus vite sa taille, sa forme et sa tonicité.
Il peut aider à perdre les kilos pris pendant la grossesse, notamment lors des 6 premiers mois après l’accouchement.
Il diminue le risque de développer un cancer du sein ou des ovaires avant la ménopause.
La pratique de l’allaitement peut donner une motivation supplémentaire pour prendre soin de soi : éviter les excès comme le sucre, le café ou le tabac.


L’allaitement renforce le lien mère-enfant

Au-delà des bénéfices physiques, il y a cet aspect émotionnel si particulier. Allaiter renforce le lien avec votre bébé. Ce contact peau à peau, ce regard échangé pendant une tétée, ces moments de calme où le monde semble s’arrêter… tout cela contribue à tisser une relation unique. 
Pourtant, bien que naturel, l’allaitement peut sembler intimidant au départ. Mais plus vous comprenez comment votre corps fonctionne, plus vous êtes en mesure de surmonter les défis de l’allaitement qui peuvent survenir en cours de route.

Les mécanismes de la lactation :
comment le corps produit-il le lait maternel ?

Entre hormones et succion, découvrons les mécanismes fascinants qui orchestrent la production et l’éjection de lait maternel.


La lactation avant l’accouchement

Dès le 4ème mois de grossesse, le corps se prépare à nourrir votre bébé, mettant en place tout un système complexe pour produire et délivrer du lait maternel. 
Sous l’action des œstrogènes, les glandes mammaires se préparent et des canaux galactophores se créent, ces petits conduits par lesquels circule le lait jusqu’au mamelon. 
La lactation débute véritablement après la délivrance du placenta. Voilà pourquoi il est tout à fait possible d’allaiter même en cas de naissance prématurée. En cas de césarienne, la production de lait débute généralement entre 5 et 6 jours après l’accouchement. Pour encourager le corps à produire du lait, vous pouvez exprimer du colostrum supplémentaire après la tétée, et le donner à bébé à la cuillère.


La lactation après l’accouchement

Ensuite, deux hormones principales jouent leur rôle clé dans la lactation: la prolactine et l’ocytocine
La prolactine est responsable de la production du lait. Le grand nombre de tétées quotidiennes maintient la production de prolactine et donc la production de lait. Plus la stimulation est régulière, plus votre production sera abondante. Il y a deux pics de prolactine la nuit : le premier en début de nuit, le deuxième pic en fin de nuit. C'est pour cela que les tétées nocturnes sont considérées comme le carburant de l'allaitement maternel à long terme.
En plus de réguler le système dédié au lien et à l’attachement mère et enfant, l’ocytocine est l’hormone de l’expulsion du lait. Lorsque bébé tète ou que vous tirez votre lait, elle agit comme un déclencheur en contractant les petites cellules autour des glandes mammaires, poussant le lait vers les canaux lactifères jusqu’au mamelon. C’est ce qu’on appelle le réflexe d’éjection.


La succion, un stimulant de la production de lait

Il y a aussi le rôle de bébé. Sa succion stimule à la fois la production et l’éjection du lait. C’est un cercle vertueux : plus il tète, plus votre corps produit du lait. Ce mécanisme naturel assure que vos seins s’adaptent parfaitement aux besoins de votre enfant, qu’il ait une petite ou une grande appétence.

Les étapes de la lactation

La lactation évolue en plusieurs étapes, chacune étant adaptée aux besoins spécifiques de votre bébé à l’instant T.

1. Le colostrum : le lait des premiers jours

Le colostrum est le premier lait que votre corps produit, dès la fin de la grossesse et pendant les premiers jours après l’accouchement. Ce lait épais et jaunâtre est appelé “l’or liquide” en raison de sa richesse incroyable en nutriments et en anticorps. Il est produit en toute petite quantité, ce qui fait que beaucoup de mères pensent ne pas en avoir, même en pressant légèrement leurs seins. Ne vous inquiétez pas des faibles quantités, il est parfaitement adapté aux besoins du nouveau-né à ce stade, dont le système digestif est encore fragile. 

Bon à savoir : vous pouvez exprimer manuellement le colostrum et le récolter sur votre doigt propre ou dans une petite cuillère, et ainsi le proposer à bébé. Les premières heures de sa vie, bébé dort énormément et tète difficilement. En lui proposant le colostrum sur le bord de ses lèvres, vous stimulerez ses papilles gustatives et lui donnerez envie de téter.

Le colostrum est un véritable bouclier immunitaire. Il protège bébé des infections et aide son corps à éliminer le méconium, ces premières selles noires et collantes.


2. La montée de lait : le grand chamboulement

Deux à six jours après l’accouchement, vient la montée de lait: le colostrum se transforme en lait de transition, un lait plus fluide et plus abondant. Vous ressentez un engorgement des seins qui deviennent plus lourds, chauds, tendus et parfois sensibles. 

Il est possible que la taille de vos seins augmente. Rassurez-vous si ce n’est pas le cas, la taille des seins n’a aucun effet sur la quantité de lait produite. En effet, les gros seins ont davantage de tissus adipeux, soit de graisse, mais cela ne signifie pas qu’ils ont plus de glandes mammaires pour produire le lait.

Si vous rencontrez des difficultés à gérer la montée de lait, n’hésitez pas à consulter une consultante en lactation pour des conseils personnalisés.


3. Le lait mature : nourrir votre bébé sur la durée

Après la première montée de lait, votre corps va produire en continu du lait mature. Le lait évolue constamment au fil des jours, des semaines, des mois et même au cours d’une tétée, pour répondre aux besoins nutritionnels de votre bébé. Il est composé d’un lait plus hydratant et léger en début de tétée, puis plus riche en graisses en fin de tétée. 

Plus bébé tétera longtemps, plus le lait sera riche en graisses, et plus bébé ressentira la sensation de satiété et de satisfaction. Lors de fortes chaleurs, il est possible que bébé tète plus souvent mais moins longtemps. La nature étant bien faite, il régule de lui-même son besoin en liquide.


Conseils pratiques pour stimuler la production de lait


Pour maintenir ou stimuler votre production de lait, rien ne vaut quelques gestes simples et des habitudes bienveillantes envers vous-même.


Allaitement à la demande

Au départ, il est très important d'allaiter à la demande, l'estomac d'un nourrisson étant si petit, il a besoin de manger peu mais très souvent. On peut dire qu'il grignote. Faites-lui confiance pour réguler ses besoins. Ne limitez pas la durée des tétées: votre bébé sait ce dont il a besoin pour arriver à satiété.
Au fur et à mesure que bébé grandit, son estomac s'agrandit. Il espacera un peu plus les tétées avec le temps, bien qu'il vous sera toujours conseillé d'allaiter à la demande.


Le peau à peau

Au-delà d'être un moment de tendresse, le peau à peau est très bon pour la lactation. 
Dès la naissance, posez bébé nu contre votre ventre. Le contact de bébé sur votre peau favorise la lactation et déclenche le réflexe de fouissement : vous pourrez observer bébé enfouir de manière naturelle sa petite tête dans votre sein jusqu’à atteindre le mamelon.


Hydratation et alimentation adaptées

Produire du lait demande beaucoup d’eau, alors gardez toujours une bouteille à portée de main pour vous hydrater régulièrement tout au long de la journée. 
Côté alimentation, privilégiez une nourriture variée et équilibrée. Certains aliments sont recommandés pour favoriser la lactation, comme : les aliments complets, les fruits et légumes, les légumineuses, ou produits riches en protéines.
Des aliments sont à éviter pendant l’allaitement comme l’alcool et certaines espèces de poissons. D’autres sont à limiter comme la caféine ou la théine, à deux ou trois tasses par jour.


Gestion du stress et importance du repos

Un esprit serein favorise la production d’ocytocine, cette hormone qui permet l’éjection du lait. 
Essayez de trouver des moments de calme, même courts, pour vous reposer. Une sieste pendant que bébé dort, une respiration profonde ou un câlin peau à peau peuvent suffire à recharger vos batteries. 
N’hésitez pas à demander de l’aide à votre entourage. Une maman reposée est une maman plus disponible pour son bébé.


Sensation de manque de lait, que faire ?

En cas de sensation de manque de lait, contactez une consultante en lactation. Plusieurs facteurs peuvent en être la cause comme : une mauvaise position d’allaitement, la succion du bébé peu optimale, un nombre de tétées quotidiennes insuffisantes.
La consultante en lactation pourra confirmer et trouver la cause afin de proposer les conseils adaptés à la situation, comme le power pumping qui pourrait vous aider à relancer la lactation. 
Ce protocole consiste à effectuer occasionnellement des séances de stimulation intensive avec un tire-lait pour booster votre lactation.

Sevrage, comment réduire progressivement sa lactation ?


La diminution progressive de l’allaitement permet à votre corps d’adapter la lactation et de produire moins de lait, jusqu’à ne plus en produire du tout. Il faut compter généralement au minimum 4 semaines pour un sevrage complet de l’allaitement. 

Pendant la période de sevrage, maintenez fermement votre poitrine à l’aide d’une brassière et stimulez le moins possible vos seins. 

Diminuez progressivement les tétées. Commencez par supprimer une tétée par jour. Si après plusieurs jours vous ne ressentez pas de douleurs, supprimez une tétée supplémentaire, et ainsi de suite. Nous vous recommandons de conserver la tétée du matin et la tétée du soir pour la fin du sevrage. Ces tétées ont une dimension affective pour votre bébé, au-delà du simple fait de le nourrir.

Si vous ressentez une gêne, vous pouvez tirer un peu de lait pour soulager la pression, sans vider complètement le sein. Vous freinez la production tout en soulageant les douleurs aux seins telles que l’engorgement. 

Le sevrage de l’allaitement peut être un moment délicat émotionnellement. Pour vous, il marque la fin d’une période particulière, et pour votre bébé, il signifie dire adieu à un rituel réconfortant. Prenez le temps de remplacer ces moments par d’autres interactions tout aussi douces, comme des câlins ou des jeux. Le lien entre vous ne disparaît pas, il évolue simplement.

La lactation se met en place naturellement : votre corps sait s’adapter aux besoins uniques de votre bébé, en fonction de son âge. Comprendre son fonctionnement vous permet d’aborder l’allaitement en toute sérénité, qu’il soit exclusif, mixte, court ou prolongé. Faites confiance à votre instinct et avancez à votre rythme dans cette belle aventure, adaptée à vous et à votre bébé.

Article rédigé en collaboration avec Andréa Thimbo, conseillère en allaitement.